Face à l'angoisse du Covid-19, le tourisme soutient les soldats de la front-line 06/05/2020




Casablanca - Le choc brutal causé par le Covid-19 à des pans entiers de l'économie a provoqué un véritable stress avec plus de perdants que de gagnants, le tourisme semblant le plus à même de basculer dans la détresse d'autant que le transport aérien est à l’arrêt avec les confinements déclarés dans les principaux pays émetteurs de touristes et les fermetures des frontières aériennes.
Au Maroc, l’industrie touristique prend de plein fouet cette crise et escompte, provisoirement, des pertes de 34 milliards de dirhams (MMDH) en termes de chiffre d'affaires d'ici la fin de l'année, et de 15 MMDH dans le seul secteur de l'hôtellerie.
A l’épreuve et avec des hôtels désertés, les professionnels du secteur n'ont, toutefois, pas hésité d’agir pour se mobiliser et multiplier les initiatives solidaires à l'égard des staffs médicaux, premiers au front contre l'ennemi invisible.
Dans la région de Casablanca-Settat, les hôtels sont presque tous vides, un scénario quasi-zéro touriste dans la métropole. L'hôtellerie, maillon important du tourisme, s'est jointe à l'élan de solidarité nationale face à la pandémie.
Dans la métropole, jusqu'à 90% des hôtels ont fermé leurs portes, a indiqué à la MAP le président de l'Association de l'Industrie Hôtelière de Casablanca et région (AIH), Mohamed Saouti, relevant que la majorité des hôtels a procédé à l'arrêt de travail tout en assurant des permanences au niveau des services technique, de sécurité (24h/24h) et de propreté des lieux et d'hygiène.
Au fil du flux des arrivées dans les structures hospitalières, le personnel médical et paramédical en première ligne de front dans ce combat et les plus exposés au Coronavirus appréhendent de rentrer chez eux de peur d’être des vecteurs de contamination pour leurs proches.
Face à cette donne, a-t-il-relevé, une cellule de veille a été créée conjointement avec le Conseil Régional du Tourisme (CRT), avec pour mission de sensibiliser l'ensemble des hôtels à contribuer avec des chambres en faveur du staff soignant et ce, en fonction des moyens humains et logistiques disponibles.
Une sollicitation qui n’a pas trop traîné. De nombreux hôtels de la capitale économique ont octroyé une capacité d’hébergement pour pouvoir couvrir les besoins du corps médical, a fait savoir le président de l'association.
Aujourd'hui, les hôtels, qui ne sont pas fermés, sont généralement occupés par le staff médical, a noté, à cet égard, M. Saouti, faisant savoir qu'avec le CRT, "on est arrivé à 850 chambres sur la métropole" et un établissement hôtelier s’est, même, proposé pour abriter le confinement des patients avec un corps médical, s'est-il félicité de ce geste qui fait chaud au cœur.
De même, plusieurs restaurants fournissent des repas pour le personnel soignant. "D'ailleurs, c'était le seul souci qui se posait car la majorité des hôtels accorde des hébergements mais sans prestations ni restaurations", a-t-il poursuivi.
Dans le même sillage, l'hôtel Ibis à Mohammedia a décidé de mettre à la disposition des autorités et du personnel soignant engagé dans la lutte contre l'épidémie, pas moins de 96 chambres. Une initiative citoyenne, qui mérite d'être généralisée sur tout le Royaume, enclenchée depuis le 24 mars dernier et opérée en coordination avec la préfecture de Mohammedia.
S'agissant de la situation des employés du secteur hôtelier, le président de l'association a relevé "qu’aujourd'hui, on ne parle pas encore de chômage", notant que la majorité des hôtels ont pris en charge les quinze premiers jours de mars et ont procédé à la formule de la CNSS pour faire bénéficier leurs employés des 1.000 dirhams sur les 15 jours restants conformément aux décisions du Comité de Veille Economique (CVE) et des 2.000 dirhams sur les trois mois à venir.
Cependant, "certaines unités hôtelières ont assuré les salaires de leur personnel sur les trois mois à venir", a t-il-rassuré, mais les répercussions de cette crise sanitaire planent sur l'ensemble des hôteliers menaçant plusieurs milliers d’emplois.
"Nous attendons tous la fin du confinement pour voir aussi les pays qui vont autoriser leurs avions à décoller" d’autant que les marchés émetteurs vers le Royaume, principalement l'Italie, la France et l'Espagne, sont durement touchés par le virus, a-t-il fait remarquer.
"Il y aura sûrement des restrictions qui seront prises pour essayer de rester sur leurs gardes". C’est pourquoi il y a lieu de se pencher sur différentes pistes de relance et de préparer l’après-crise, qui "ne sera pas facile".
L'absence de visibilité sur la pandémie ne permet pas actuellement de faire des prévisions à court-terme. "Aujourd'hui, le volet le plus important c'est la protection de la population, l'économie vient après", a conclu M. Saouti.
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